La poésie ça n'existe pas!
C'est encore un de ces trucs
qu'on veut nous faire croire!
Comme avec les curés! Pareils!
et qu'en réalité personne ne peut ni prouver ni expliquer!
Alors j'te baratine du sublime
et j't'en promet du supplément d'âme
des causeries spirituelles sur canapé
mais tout ça c'est que des mots!

Vous ne me ferez pas prendre
vos poésies pour des lanternes!

La poésie c'est souvent l'arnaque du lettré
qui fait passer l'écrit pour de l'or
pour de l'or alité, couché là, sur un papier, dans son coffre,
protégé enfermé cadenassé propriété
privé.
Pendant qu'il ne laisse aux autres,
que les cris pour pleurer
et l'oralité comme une tare
de pauvre et de raté!

Mais je protexte!
Ya pas que les mots!...
Ya l'bruit qu'ils font!
ou qu'on leur fait faire
qui compte!

Amis pouets!... Amis pouets!
Assez de mots tus, vive les mot dits
Allez debout! Bon sang!
Faut qu'on sonore!
Des paroles en l'air!
à jeter à l'oreille du patient .
De l'art corps! Dans l'corps du texte, de la chère chair!
Descendons dans l'bouge au bord des luxures,
ou ça rouge encore et braise la vie,
qui parle, éructe, exclame, susurre, murmure,
bavasse, jacasse, hurle et gueule et sonne et résonne,
et balance du son! Quoi! Du frisson!
Du free son surtout!

Du bruit libre!
plus livre du tout
mais qui livré vibre
à fond de train con!
afin de trinquer fort
des vers
qui vivent à l'ouïe! à l'aise!
De bons et beaux gros mots bruissants dans l'air bucolique
comme aux chants sonnants!
Osons trébuchant des trucs acoustiques
à coup de croque dingues et gourmands!
Des mises en son de bouche
pour qu'on les crie
et les joue
à la criée
qu'on les pêche
les dépêche
les envoie à l'orbite de leur sens!

Par la propulsion musculaire de nos organes!
Poumons tonnant, larynx en mégaphone, cordes vocal'ciférantes ,
zygomatiques déplié et pas plié en dieux!,
fentes labiales en mode vibreur,
langues et luettes frémissantes sous le passage ondulatoire
du verbe rendu au corps,
transmis de corps à corps
pour que ça hume enfin l'humain!
L'humain tenant épanouie debout en bout de langue pas de bois!

La poésie ça n'existe pas!

Sauf peut-être, justement
quand ça sort de la bouche
que ça fait du son
que ça fait vibrer l'air!
Onde physique
qui provoque
un déplacement de mo-lécules
et réactions en chaines!
Bombarde notre corps, face, nez , yeux,
impacte au front, en joue.
Nous cogne les tympans
et les fait trembler tellement
que le cerveau en fait des rigoles sous sa calotte!
Et des tas de petites impulsions électriques
dégringolent le long des nerfs
pour aller ouvrir les pores
de not' peau
et en faire dresser les poils...

Alors là, oui! J'dis pas!
Ya quequ'chose qui s'passe!
Ya un truc!
Devant lequel on peut rester coi.
Un moment.
C'est pas que ça soit du mystère, non,
ça mérite pas des prières,
mais faut avouer
que ça peut faire piment - rare-
sur notre plat de blettes - quotidien -


Un poème en "son qui s'ignore" n'est qu'un tigre de papier
le papier qui porte boucan est poème à dégoupiller.